- En 2022, au moins 10.000 établissements scolaires utilisaient le logiciel Pronote.
- Il permet de suivre de nombreuses informations sur la vie scolaire de son enfants, des notes aux absences de professeurs.
- Mais il peut aussi devenir un outil de flicage ou une source de stress, en particulier en ce qui concerne les résultats.
« Je m’y connecte au moins dix fois par jour ! » Khaled exagère sûrement un peu quand il parle de Pronote, mais, à en croire les lectrices et lecteurs qui ont répondu à notre appel à témoignages, ce chiffre n’est pas si loin de la réalité. Cette application scolaire (ou d’autres comme Ecole directe, Kartable…) est de plus en plus présente dans le quotidien des parents d’élèves : 10.000 établissements l’utilisent, selon un article du Monde diplomatique de 2022.
La plupart des utilisateurs de ces logiciels avancent les mêmes arguments. « Je suis accro à Pronote, abonde Laetitia. Je regarde plusieurs fois par jour, que ce soit les notes ou l’emploi du temps. Tout est noté dessus : la salle de classe, les absences de profs et des élèves, les devoirs, les notes… » Ajoutez la possibilité d’échanger avec la prof et vous avez à peu près tout ce qui peut être utile pour suivre à distance et en temps réel une scolarité. Salima aussi trouve ce système « plus simple que l’agenda de notre époque » et le consulte « quatre ou cinq fois par jour ».
« Cette application est crispante »
Toutefois, Pronote n’obtient pas un tableau d’honneur. L’application est même source de plusieurs frustrations. « L’interface est illisible, déplore, sous pseudonyme, “Maman Louve”. Nous consultons le logiciel depuis notre portable pour davantage de praticité. Néanmoins, il faut s’entraîner à lire un mail en colonne. Bref, l’interface n’est pas adaptée ni conviviale. » « Cette application est crispante, complète Gaëlle. Nous sommes inondés de messages sans caractère utiles tous les jours (gâteaux à faire, doublons d’envoi, demande de fonds…). » De plus, « cela a nécessité l’achat d’un téléphone pour chacune » de ses filles, afin qu’elles puissent elles aussi se connecter aux espaces numériques.
Tout cela, c’est sans compter sur la source de stress principal : les notes. « Le stress généré est énorme, estime Christophe. Avoir une moyenne générale calculée en temps réel est anxiogène pour l’élève de collège. Comment peut-on utiliser ce principe au secondaire en insistant sur le fait que les primaires ne doivent plus avoir de note parce que c’est stressant pour eux ? Complètement incohérent je pense. » Mais ce sont encore les étudiants qui en parlent le mieux : « Cela nous met au courant des événements, des devoirs, de nos notes, moyennes… mais pour les parents c’est un moyen de nous mettre une pression sans nom, regrette Charlotte, 16 ans, en première bac pro. Si quelque chose ne va pas comme eux le voudraient c’est tout de suite : “Je prends rendez-vous avec tes profs.” Je trouve ça lourd. »
Les profs tout aussi accro
Enfin, de l’autre côté de l’écran, c’est aussi une source de stress supplémentaire dans le quotidien des enseignants. « Il faut réussir à maîtriser l’outil correctement, ne pas faire d’erreur, sachant qu’en 1 clic tout peut être diffusé aux parents, explique Côme*, jeune enseignant stagiaire. Si on ne se fixe pas de limite, d’horaires de déconnexion par exemple, on est tout autant “accro” à cet outil car tout notre environnement pro tourne autour de celui-ci. »
L’informatique n’a, en tout cas, pas encore remplacé le papier. Que ce soit pour noter les devoirs ou pour le carnet de liaison, de nombreux parents constatent encore que Pronote ne peut pas tout faire. « [Cela] ne remplace pas l’agenda, que mes filles ont toujours et que leur professeur leur demande de remplir encore, reprend Gaëlle. Cela ne remplace pas non plus le carnet de correspondance pour échanger avec le corps pédagogique, ni la carte de cantine, car les élèves ne peuvent pas scanner leur téléphone au réfectoire, ni les notes que les parents doivent signer pour les évaluations. »
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